Nouvelle Convention Collective de la Boucherie et de la Poissonnerie : Analyse et Enjeux de la Version du 24 Septembre 2024 (Non Étendue)

La fusion des secteurs de la boucherie et de la poissonnerie marque une étape importante pour ces branches professionnelles. Signée le 24 septembre 2024 et publiée le 29 janvier 2025, cette nouvelle convention collective nationale, encore « non étendue », témoigne de plusieurs années de négociations afin d’harmoniser les règles et améliorer les conditions de travail dans ces métiers. Dans cet article, nous analyserons le contexte, le contenu et les implications de cette convention, ainsi que la problématique de son extension, tout en apportant des réponses aux questions que se posent de nombreux acteurs du secteur.

Contexte et Historique

Historique de la Négociation
Depuis plusieurs années, les représentants des employeurs et des salariés dans la branche de la boucherie et de la poissonnerie travaillent à la modernisation et à l’harmonisation des règles applicables à leur secteur. Cette négociation, qui a duré près de cinq ans, s’inscrit dans le prolongement d’efforts visant à combler les disparités existantes entre les anciennes conventions collectives propres à la boucherie (IDCC 992) et à la poissonnerie (IDCC 1504). L’objectif était clair : créer un texte unique capable de répondre aux enjeux contemporains de la profession tout en garantissant une meilleure protection sociale et une évolution salariale adaptée.

Fusion des Branches
La nouvelle convention collective résulte de la fusion de deux textes anciens qui régissaient séparément la boucherie et la poissonnerie. Ce regroupement, rendu possible par l’accord du 18 septembre 2020 legisocial.fr, vise non seulement à rationaliser les règles applicables, mais aussi à instaurer un dialogue social plus efficace et à permettre une meilleure adaptation des grilles de salaires aux réalités économiques actuelles. Cette démarche est perçue comme une réponse aux mutations du marché et aux besoins spécifiques des métiers de la filière alimentaire.

Contenu et Innovations de la Nouvelle Convention

Nouvelles Grilles de Salaires
L’un des points forts de cette convention est la mise à jour des grilles de salaires pour 2025. Les négociations ont permis de définir des minima conventionnels plus adaptés aux conditions du marché et d’assurer une rémunération au moins égale au SMIC, voire supérieure. Les nouvelles grilles visent à refléter la valeur du travail artisanal tout en garantissant une progression salariale basée sur l’ancienneté et la qualification des salariés. Ces barèmes actualisés constituent un outil essentiel pour lutter contre la précarité et encourager le professionnalisme dans le secteur.

Amélioration des Conditions de Travail
Outre les questions salariales, la convention aborde de nombreux aspects relatifs aux conditions de travail :

• Mise à jour des dispositifs de formation professionnelle
  La convention met l’accent sur la reconversion et la promotion par alternance (Pro-A), favorisant ainsi l’accès à des formations certifiantes et à l’évolution de carrière des salariés.
• Adaptation du temps de travail et mesures de modulation
  Des ajustements dans l’aménagement des horaires et la compensation des heures supplémentaires ont été négociés pour mieux prendre en compte les fluctuations d’activité, notamment dans un secteur soumis à des variations saisonnières.
• Renforcement de la protection sociale
  Les dispositions concernant la prévoyance, notamment la garantie frais de santé et les indemnités en cas d’arrêt de travail, ont été revues pour offrir une couverture plus complète aux salariés, renforçant ainsi la sécurité de l’emploi.

Modernisation des Clauses et Textes
Les parties ont également profité de cette négociation pour reprendre des textes dont la rédaction remontait à plusieurs décennies. L’actualisation de ces dispositions vise à clarifier certains points controversés et à moderniser le langage juridique afin de faciliter leur compréhension par les employeurs et les salariés.

Implications pour les Employeurs et Salariés

Avantages pour les Salariés
Pour les salariés, cette nouvelle convention représente plusieurs avantages importants :

• Sécurisation de la rémunération
  L’actualisation des grilles salariales garantit une rémunération plus juste et mieux adaptée au niveau de qualification et d’expérience.
• Accès à la formation et promotion professionnelle
  Grâce aux dispositifs Pro-A et aux contrats de professionnalisation, les salariés disposent de nouvelles opportunités pour évoluer dans leur carrière.
• Renforcement de la protection sociale
  Les améliorations en matière de prévoyance et de couverture santé permettent de mieux sécuriser les salariés en cas d’accident, de maladie ou d’arrêt de travail.

Enjeux pour les Entreprises
Du côté des employeurs, la convention comporte également des enjeux majeurs :

• Adaptation organisationnelle
  Les entreprises devront revoir leurs pratiques internes afin de s’aligner sur les nouvelles dispositions, notamment en ce qui concerne la gestion des horaires, le suivi des formations et la mise en place d’un système de rémunération conforme aux nouvelles grilles.
• Dialogue social renforcé
  La modernisation des textes offre l’opportunité de renouer un dialogue social plus constructif entre les partenaires, favorisant ainsi la négociation de conditions adaptées aux réalités de chaque entreprise.
• Investissement en ressources humaines
  La mise en œuvre des nouvelles mesures, notamment en termes de formation et de suivi de la santé des salariés, peut représenter un coût à court terme. Toutefois, ces investissements sont susceptibles d’améliorer la productivité et de réduire le turnover à long terme.

La Question de l’Extension : Un Enjeu Majeur

Qu’est-ce qu’une Convention Non Étendue ?
Une convention « non étendue » signifie qu’elle n’est pas rendue obligatoire par arrêté ministériel pour l’ensemble des employeurs du secteur. Seules les entreprises adhérentes aux organisations patronales signataires sont directement concernées par ce texte. Cela laisse ainsi la possibilité aux entreprises non signataires d’appliquer, ou non, ces dispositions. Cette situation peut créer des disparités au sein du secteur et poser des questions sur la compétitivité et l’égalité des conditions de travail.

Conséquences Pratiques pour les Entreprises Non Signataires
Pour les entreprises qui ne sont pas membres des organisations patronales signataires, l’absence d’extension officielle signifie qu’elles ne sont pas légalement tenues d’appliquer les nouvelles dispositions. Cependant, il est recommandé d’envisager leur mise en œuvre de manière volontaire afin de garantir une certaine homogénéité dans le secteur et de rester compétitif face aux entreprises qui adoptent ces nouvelles normes. La non-extension peut également influencer les négociations futures, puisque l’extension à l’ensemble du secteur reste un objectif pour les partenaires sociaux. editions-tissot.fr

Perspectives d’Évolution et Négociations Futures

Les Négociations à Venir
L’une des principales interrogations soulevées par cette nouvelle convention concerne son avenir en termes d’extension. Les partenaires sociaux, tant au niveau patronal que syndical, espèrent obtenir l’extension officielle du texte afin d’harmoniser les règles pour toutes les entreprises du secteur. Dans l’intervalle, des négociations complémentaires pourraient être engagées pour adapter certains dispositifs qui n’ont pas encore trouvé de convergence totale entre les deux branches.

Impact sur le Secteur
Si l’extension venait à être obtenue, l’ensemble des entreprises de la boucherie et de la poissonnerie seraient tenues d’appliquer ces nouvelles règles, ce qui favoriserait une plus grande cohérence et transparence dans les conditions de travail. D’autre part, l’adoption progressive de ces mesures par les entreprises non signataires, de manière volontaire, pourrait inciter l’administration à reconsidérer la question de l’extension. En tout état de cause, la modernisation de la convention représente une avancée majeure pour le secteur et devrait contribuer à renforcer son attractivité auprès des jeunes talents.

FAQ sur la Nouvelle Convention Collective

Q1 : Quelles sont les principales innovations introduites par cette nouvelle convention ?
R : Les innovations majeures concernent la mise à jour des grilles de salaires pour 2025, l’amélioration des dispositifs de formation et de promotion par alternance, ainsi que le renforcement de la protection sociale (prévoir des garanties plus étendues en matière de frais de santé et d’indemnisation en cas d’arrêt de travail). editions-tissot.fr

Q2 : Que signifie le terme « non étendue » dans le contexte de cette convention ?
R : Une convention non étendue n’est pas imposée à l’ensemble des employeurs du secteur par un arrêté ministériel. Seules les entreprises adhérentes aux organisations patronales signataires du texte sont directement concernées. Cela offre une certaine liberté aux entreprises non signataires, qui peuvent choisir d’adopter ou non ces dispositions. legifrance.gouv.fr

Q3 : Quels avantages cette convention apporte-t-elle aux salariés ?
R : Les salariés bénéficient d’une rémunération mieux adaptée grâce à des grilles de salaires actualisées, d’un accès facilité à la formation professionnelle, et d’une protection sociale renforcée, notamment en cas de maladie, d’accident ou d’arrêt de travail. Cela améliore leur sécurité de l’emploi et leur pouvoir d’achat. editions-tissot.fr

Q4 : Comment se positionnent les entreprises face à cette nouvelle convention ?
R : Pour les entreprises signataires, il s’agit d’une opportunité d’harmoniser leurs pratiques internes et de renforcer leur dialogue social. Pour celles qui ne le sont pas, la convention représente un modèle à suivre pour rester compétitif et garantir de bonnes conditions de travail, même si son application n’est pas obligatoire. editions-tissot.fr

Conclusion

La nouvelle convention collective nationale de la boucherie et de la poissonnerie, signée le 24 septembre 2024 et publiée le 29 janvier 2025, représente une avancée majeure pour un secteur en pleine mutation. En fusionnant deux textes anciens, elle modernise les règles applicables, actualise les grilles de salaires et renforce la protection sociale des salariés. Toutefois, le fait qu’elle soit actuellement « non étendue » soulève des questions quant à son application universelle, un enjeu que les partenaires sociaux espèrent résoudre dans un avenir proche.

Pour les salariés, cette convention offre des garanties accrues et des perspectives d’évolution professionnelle. Pour les entreprises, elle constitue à la fois un défi organisationnel et une opportunité d’améliorer leur attractivité sur le marché du travail. Dans un contexte économique où la concurrence est de plus en plus vive, l’adoption volontaire de ces nouvelles dispositions pourrait bien devenir un gage de modernité et de responsabilité sociale.

L’avenir dira si l’extension de ce texte sera obtenue et si l’ensemble du secteur se conformera aux nouvelles règles, garantissant ainsi une meilleure homogénéité et une plus grande sécurité pour tous les acteurs de la filière. En attendant, il est essentiel que chaque entreprise analyse de près les dispositions de cette convention afin de préparer au mieux sa transition vers ces nouvelles normes et de continuer à valoriser le savoir-faire traditionnel qui fait la renommée de la boucherie et de la poissonnerie en France.